Rav Oury Cherki
Lekh Lekha - La sagesse perdue du Jardin d’Eden
Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.
"Or, il y eut une famine dans le pays." - nous savons donc qu’il y avait la famine. Le verset continue: "Abram descendit en Égypte pour y séjourner, la famine étant excessive dans le pays" (Gen. 12, 10) - Ne savions-nous pas déjà que régnait la famine?
Ce que la Thora vient nous enseigner est que ce qui poussa Abraham précisément en Egypte est que l’Egypte est celle qui affamée: "ni la faim du pain ni la soif de l'eau, mais le besoin d'entendre les paroles de l'Eternel" (Amos 8, 11).
Depuis la chute du Premier Homme des sommets idéaux du Jardin d’Eden à la bassesse de ce monde, le fleuve unique sortant d’Eden pour arroser le Jardin s’était divisé pour former dans notre monde quatre bras. Ces bras représentent quatre civilisations fondamentales: l’Egypte, l’Inde, Assyrie et Babel, s’étant chacune installée sur son fleuve respectif: Pichon – le Nil, Ghihôn – le Gange, le Tigre et l’Euphrate (Gen. 2, 10-14).
La culture humaine s’est fractionnée en fragments d’identité humaine, que les sages de la Kabbale appellent ‘étincelles de sainteté dispersées dans les écorces’. La mission du peuple d’Israël est de les regrouper: "en toi seront greffées toutes les familles de la terre" (Gen. 12, 3). C’est la famine en Canaan qui contraint Abraham à sortir de sa terre et l’entraîne à s’occuper de la famine d’Egypte.
"Quand il fut sur le point d'arriver en Égypte, il révèle à Sarah son épouse la mission précise qui les y attend: "Certes, je sais que tu es une femme belle à voir" (id. 11). La beauté attire. Sarah représente la force vitale fondant le peuple libérateur. Chaque peuple désire se l’approprier, ce qui engendre deux risques: a) "et ils me tueront" (id. 12), b) "et ils te laisseront vivre" - que tu sois livrée à l’Egypte. Quelle est la solution? "Dis, je te prie, que tu es ma sœur" (id. 11). Cette expression fait allusion à la sagesse: "Dis à la sagesse: 'Tu es ma sœur'" (Prov. 7, 4). C’est-à-dire qu’Abraham et Sarah sont allés en Egypte pour y récupérer la sagesse perdue du Jardin d’Eden, transférée au fleuve Pichon.
"Et je serai heureux par toi" - ils me donneront des présents (Rachi sur Gen. 12, 13). L’explication littérale (peshat): en cela tu seras sauvée, car ils me donneront des présents pour que j’accepte, en tant que ton frère, de te marier à l’un des auteurs des cadeaux, ce qui nous permettra de gagner du temps. L’explication profonde (nistar): je recevrai les cadeaux intérieurs de l’Egypte, pour les élever de retour vers la sainteté.
"Car j'aurai, grâce à toi, la vie sauve" - ils ne me tueront pas. Nous voyons de là qu’Abraham était préoccupé en premier lieu que Sarah soit sauvée, avant sa sauvegarde personnelle. La seule personne en Egypte qui ne dépende pas de l’acceptation du frère de Sarah pour la prendre était le roi, mais il ne vint pas à l’esprit d’Abraham qu’il le rencontrerait. C’était sans compter sur les gardes-frontière et les princes de Pharaon, qui l’exaltèrent à Pharaon lui disant qu’elle était idéale pour le roi et la lui amenèrent.
Finalement, Abraham ramène d’Egypte de nombreux biens. Des hommes, des bêtes, de l’argent et de l’or, emportant le concentré de la civilisation égyptienne, dans un processus augurant la sortie d’un grand butin par Israël lors de la sortie d’Egypte et la sortie d’Europe, ceci afin de réparer l’humanité toute entière à la fin des Temps.