Rav Oury Cherki

Pessah - Fête de la récolte de la terre d’Israël

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.



Pessa’h – Fête de la sortie d’Egypte ??

Que représente la fête de Pessa’h? A priori la réponse est simple : la sortie d’Egypte ! Or si c’était le cas, cela signifierait que nous célébrons un événement incomplet. Nous sommes certes passés de l’esclavage à la liberté, mais nous ne sommes pas arrivés à la terre promise à nos ancêtres. La sortie d’Egypte a engendré un statut intermédiaire paradoxal d’un Etat sans territoire. Nous sommes devenus une entité politique en tout point, avec une hiérarchie dirigeante, une collecte d’impôts, des alliances stratégiques et des guerres, même un culte centralisé. Mais pas de territoire. Malgré cela nous récitons les louanges (Hallel) à cette occasion, quand bien même « le Hallel n’est pas récité sur un miracle produit en dehors d’Israël » (TB Meguila 14a). La raison que donne le Talmud à cela est que « tant qu’Israël n’était pas entré en Erets Israël, chaque lieu était propice à la récitation de louanges. Mais une fois qu’Israël est entré sur sa terre, les louanges ne peuvent être récitées pour des miracles produits partout (id.).



Election au service de la collectivité

Le processus de sélection de la terre propice aux louanges rappelle le processus de sélection au sein de l’humanité décrit dans le livre de la Genèse. Le Premier Homme était le père de toute l’humanité, mais sa sainteté ne fut transmise qu’à travers une filiation spécifique avant de s’établir au sein de la collectivité d’Israël. Ainsi, autant la sainteté de l’espace que celle de l’homme possèdent un fondement universel, mais également une lacune temporaire, l’absence de foyer central, lieu de rayonnement pour le monde entier.



Achèvement de la sortie d’Egypte

Après des années d’errance, la sortie d’Egypte fut enfin achevée avec le franchissement du Jourdain le 10e jour du mois de Nissan. Mais l’époque du désert n’était pas encore terminée, car le peuple d’Israël était encore nourri miraculeusement par la manne. Ce n’est que le lendemain de Pessa’h que cessa la manne et que le peuple d’Israël se nourrit des récoltes de la terre, comme il est raconté dans la Haftara lue le 1er jour la fête : « Et le lendemain de la Pâque, ce même jour, ils mangèrent du blé du pays, en pains azymes et en grains torréfiés. La manne cessa de tomber le lendemain, parce qu’ils avaient à manger du blé du pays, et les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, mais ils se nourrirent, dès cette année, des produits du pays de Canaan » (Josué 5, 11-12). Selon le sens obvie du verset, le « lendemain de Pessa’h » représente le 15e jour du mois de Nissan, premier jour de la fête des azymes (dans le langage biblique, la fête de Pessa’h est la fête du sacrifice pascal célébrée le 14 Nissan, alors que la fête se déroulant du 15 au 21 Nissan est appelée fête des azymes (‘Hag Hamatsot)).



Hallel du 1er jour de Pessa’h

Il en ressort que l’entrée véritable en Israël, incluant le fait de se nourrir du fruit de la terre (selon l’avis de l’auteur des responsa Me’il Tsedaka, que le commandement d’habiter Erets Israël n’est réalisé que par celui dont la subsistance vient du pays), ne fut réalisée que le premier jour de Pessa’h. Cela signifie que le Hallel est récité en ce jour pour l’entrée en Erets Israël, événement qui donne est l’accomplissement la sortie d’Egypte. Ainsi, la fête des azymes débutant le 15 Nissan est la fête de l’entrée en Israël, alors que la fête de Pessa’h, célébrée le 14 Nissan est la fête de la sortie d’Egypte.



C’est pour cela que Lui avait agit pour moi, quand je suis sorti d’Egypte

Tout cela nous permet de comprendre un passage de la Hagada1 sous une lumière nouvelle. Le verset dit « C’est pour cela que Lui avait agit pour moi, quand je suis sorti d’Egypte » (Ex. 8). Les sages interprètent du verset que « pour cela », indique l’heure même où devant toi seront placés le pain non levé et l’herbe d’amertume. Or « Baavour Zé », traduit « pour cela » peut également être lu « pour cette récolte ». Ca serait donc pour manger de la récolte de la terre d’Israël, à savoir le pain non levé et l’herbe d’amertume, que le Seigneur a fait cela.