Rav Oury Cherki
Sept et plus
Transcription de la leçon (pas encore vérifié par le Rav). Publié sur le site du Centre Noachide Mondial
Sept c'est peu
La Thora recommande aux nations d'accepter l'accomplissement de sept commandements. Pourquoi une si faible exigence? Par comparaison, la Thora des hébreux contient 613 commandements qui sont la fondation d'une vie extrêmement riche. De plus, ces sept commandements sont tous recommandés par la morale naturelle, à savoir ne pas tuer, ne pas voler, ne pas être débauché, ne pas pratiquer l'idolâtrie, ne pas blasphémer, ne pas être cruel envers les animaux et avoir des tribunaux. Toutes ces choses sont évidentes. Bien que donnant un cadre à la connaissance de Dieu, ces commandements n'apportent aucun contenu positif à cette vie religieuse. Alors se pose la question, que peut-on ajouter pour donner un contenu positif aux sept commandements noachides?
Sept grandes règles
Il faut tout d'abord savoir que lorsque l'on parle de sept commandements noachides, l'on parle de grandes règles qui peuvent se subdiviser. Le commandement de ne pas tuer, par exemple, inclut l'interdit de faire honte à son prochain en public. L'interdiction de l'idolâtrie l'interdit sous toutes ses formes, notamment la magie. De plus, d'autres commandements peuvent être ajoutés tels le respect des parents, l'obligation de la prière ou de la charité. Ainsi, lorsque l'on parle de sept commandements, l'on fait en réalité allusion à bien plus que sept règles. Un passage du talmud ayant été interprété plus tardivement dénombre de cette manière une trentaine de commandements.
Goy ou fils de Noé?
Or l'on peut encore faire mieux. Pour cela il est nécessaire d'entrer dans les détails d'une contradiction entre les textes talmudiques et rabbiniques à ce propos. En effet, un texte talmudique repris par Maïmonide dit expressément qu'il est interdit aux membres des nations d'accomplir plus de sept commandements – le Talmud mentionne explicitement qu'il est interdit de respecter le Chabbat et d'étudier la Thora. Maïmonide dit même qu'un non-juif ne doit ni ajouter ni retrancher à ces sept commandements, à moins de se convertir au judaïsme et d'accepter l'ensemble des 613 commandements. Tout cela est très surprenant, mais Maïmonide, juste après ce passage, dit exactement le contraire: "un בן נח (ben Noa'h, fils de Noé) qui veut ajouter à ces sept commandements un autre commandement de la Thora, quel qu'il soit, on le laisse l'accomplir dans le détail de la הלכה (halah'a, loi)." Cela signifie qu'un fils de Noé peut ajouter autant de commandements qu'il le désire et ainsi arriver presque au nombre de 613. Comment comprendre cette contradiction?
Sept, et plus
Si l'on prête attention au texte de Maïmonide, et à travers lui au texte du Talmud, l'on constate qu'une différence existe entre le fils de Noé et le païen (goy) – l'homme des nations qui n'a pas accepté la morale des sept commandements noachides. Tant que l'on n'a pas accepté l'idée de ne pas assassiner, de ne pas être débauché ou de ne pas pratiquer l'idolâtrie, il serait blasphématoire d'ajouter des Mitsvot. A l'extrême, il est inconcevable de respecter le Chabbat tout en continuant d'assassiner autrui. Il est ainsi évident que tant que l'on n'a pas accepté les sept commandements, l'on est dans l'interdiction d'en pratiquer d'autres. Ce n'est qu'une fois que l'obligation des sept commandements a été intégrée, que l'on a accédé au statut de Ben Noa'h, que le champ est libre pour collectionner les commandements de la Thora.
Le supermarché de la Thora
Pour utiliser une image, l'on est alors libre de se promener dans le supermarché du judaïsme avec un caddie et prendre ce qui nous intéresse de chaque rayon. L'on pourrait donc voir des gens fidèles à l'enseignement de la Thora parmi les nations qui respecteraient à leur manière le Chabbat, les lois alimentaires, qui prieraient d'une manière similaire à celle des hébreux, qui pourraient avoir leur cercle d'étude et élaborer les lois de leur communauté. L'on voit ainsi que le champ est très ouvert.
Se sanctifier tout en restant membre des nations
L'un de nos maîtres, rabbi David ben Zimra du 13e siècle en Egypte, disait que les membres des nations devraient tout de même éviter les commandements qui pourraient les identifier comme des hébreux. Par exemple, la mise des phylactères (tefilin), le port de vêtements à franges (tsitsit) qui sont des commandements trop particuliers à Israël pour être donnés aux nations. Mais du moment que la spécificité d'Israël est préservée, l'élévation de la sainteté est appréciée, à tel point même que les prophètes en ont parlé. Les prophètes ont annoncé que viendrait le jour où monteraient des hommes et des femmes rendre un service éternel dans le temple de Jérusalem pendant la fête de Souccot, la fête des tabernacles – la fête universelle – qui a lieu en automne. Il y aurait également chez les nations des possibilités de sacrifices présentés à Dieu, des donations, la charité, et tant d'autres commandements qui pourraient être choisis en fonction de ce qui est adapté à chaque société, pour sanctifier de plus en plus la vie humaine.
La conversion est possible, mais pas nécessaire!
Peu importe, celui qui voudrait intégrer le peuple d'Israël à travers la conversion et accepter sur lui le joug des 613 commandements, il est le bienvenu. Mais celui qui désire rester membre de sa nation, préserver son identité, tout en adoptant les modes de sanctification de la vie qui ont été développés dans la Thora, cela aussi est possible, pour autant qu'au préalable l'on ait quitté le paganisme en acceptant officiellement les sept commandements noachides.