Rav Oury Cherki

Le noachisme aujourd’hui

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Publié sur Pardès.



Il est notoire que le judaïsme est porteur d’une vocation universelle. Le temps est passé depuis les accusations portées par Bergson contre la religion de ses pères, qui affirmait que le Dieu de la Bible hébraïque ne s’intéresse qu’à Son peuple alors que le christianisme serait, lui, véritablement universel (abstraction faite de détails négligeables comme « hors de l’Église, pas de salut »). On peut quand même se demander comment Bergson laisse dans l’ombre tant de sources aussi bien bibliques (Abraham, Jonas) que rabbiniques (Hillel, Rabbi Akiva) qui expriment de façon éclatante la préoccupation que porte l’hébraïsme depuis ses origines pour la rédemption universelle. L’idée même d’élection suppose en arrière-plan une humanité dont le sort est solidaire de celui du peuple qui est élu pour être sa source de bénédiction. La raison de cette méprise réside dans le fait que du temps de Bergson, le peuple juif luttait pour sa survie immédiate ou pour son insertion harmonieuse dans la civilisation dominante. Il était donc bien loin de pouvoir accomplir son projet universel, malgré la timide tentative du rabbin Élie Benamozegh de Livourne et de son disciple Aimé Pallière. Le fait existentiel d’un peuple replié sur lui-même masquait la vocation profonde d’Israël.

Le retour d’Israël à la dimension étatique au sein des nations restitue l’identité originelle du peuple juif, celle de l’hébreu, qui lui impose la charge d’être « l’espérance du monde » pour reprendre l’expression d’Abraham Livni.

L’indépendance politique d’Israël pose évidemment un problème non seulement pour la théologie chrétienne et pour la foi musulmane, mais aussi pour le subconscient collectif de la civilisation occidentale, héritière à son insu de la sensibilité chrétienne. On peut formuler schématiquement l’interrogation des nations à l’adresse d’Israël de cette manière : « Vous avez bouleversé le monde en réalisant un événement biblique en pleine modernité. C’est donc que vous avez quelque chose à nous dire. » Or, par timidité ou par ignorance, le peuple juif ne réagit pas à cette interrogation.


Il y a un message universel d’Israël

Cependant, le message universel d’Israël existe et il est transmis par la tradition sous l’appellation de noachisme. En quoi consiste-t-il ? Il ne s’agit évidemment pas de la promotion de la morale universelle. Celle-ci est par définition universelle et donc accessible a l’ensemble de l’humanité sans passer par le biais d’Israël. Le midrach enseigne que la morale naturelle, le derekh eretz, a précédé de deux millénaires le don de la Torah. Les normes morales, acquises à travers de nombreuses vicissitudes, sont certes susceptibles de décadence, et il n’est pas inutile qu’un certain « rappel à l’ordre » émane occasionnellement d’Israël. Un exemple nous en est fourni par le Talmud (Hullin 92a) dans un texte où la critique voilée du comportement des nations est manifeste : « les fils de Noé ont accepté trente commandements mais n’en accomplissent que trois : ils ne vendent pas de la chair humaine dans les boucheries, ils n’établissent pas de contrat de mariage entre mâles et ils honorent la Torah », mais il reste que l’acceptation de la morale est considérée comme le lot des nations, indépendamment de l’intervention d’Israël.

Il ne s’agit pas non plus de la foi en Dieu. Alors que les sept commandements noachides prohibent l’idolâtrie, la foi en Dieu, implicite, n’est pas explicitement imposée. Il s’agit certainement d’un acte de prudence de la législation, qui évite le danger que représente l’élaboration de systèmes théologiques entachés de paganisme. De ce point de vue-là, même l’athéisme serait préférable à la théologie, si on se fie à la formule talmudique (Meguila 13a) : « celui qui nie le paganisme est appelé juif ». Alors de quoi s’agit-il ?

Le traité talmudique Bava Kama (38a) présente le noachisme comme la législation abandonnée par les nations :

Rav Yossef dit : « Il se leva pour mesurer la terre, Il vit et délia les nations » (Habacuc 3, 6). Qu’a-t-Il vu ? Il a vu les sept commandements que les fils de Noé ont acceptés et n’ont pas accomplis. Il se leva et en délia les nations.

Ils y auraient gagné ? Le pêcheur serait gagnant ? Mar, fils de Ravina répond : même s’ils les accomplissent ils ne sont pas récompensés.

Est-ce ainsi ? Rabbi Meir n’a-t-il pas enseigné : « D’où savons-nous que même un gentil qui est assidu à la Torah est comme le Grand-Prêtre ? L’écriture le dit : « un homme qui les accomplit [les commandements] vivra grâce à eux » (Lev. 18, 5). Il n’est pas dit : “des prêtres, des lévites ou des israélites”, mais “un homme”. Ce qui veut dire que même un gentil assidu à la Torah est comme le Grand-Prêtre » ! ?

On a répondu : Ils ne sont pas récompensés comme celui qui accomplit un commandement, mais comme celui qui n’a pas d’obligation. Car Rabbi Hannina enseignait : celui qui accomplit par obligation est plus grand que celui qui accomplit sans obligation.

Le Talmud prend acte d’un fait : les nations accomplissent les injonctions de la morale, mais ce n’est pas pour elles un commandement. En effet, le paulinisme, fondateur de l’attachement des nations à la foi d’Israël, a refusé la Loi mais n’a pas rejeté la morale. Cela implique une coupure radicale entre l’homme et la transcendance. Les nations ne sont plus à l’écoute de la Parole de Dieu. Le seul canal de la révélation reste le peuple d’Israël, reconnu comme tel par l’inconscient collectif des nations qui souvent lui accordent une place de choix dans leurs préoccupations : spirituelles, morales, culturelles et politiques.

Pour l’individu, l’adoption du noachisme consiste donc à reconnaître l’origine révélée et mosaïque de la loi morale, pour retrouver le statut de « celui qui accomplit par obligation ». L’individu qui par une déclaration formelle devant un quorum légal accepte la loi, restaure la stature originelle de l’homme à son niveau personnel.

De telles déclarations formelles sont aujourd’hui courantes. Dans le cadre de notre organisation « Brit Olam – centre noachide mondial », il est fréquent que se présente un noachide, ou une famille entière, pour accepter en présence de trois rabbins la législation noachide et sa nature révélée. Maïmonide (Mishne Torah, Melakhim VIII, 11) confère à un tel individu le titre de « vertueux parmi les nations » (‘hassid oumot ha-olam), qui participe du « monde à venir » avec Israël. Si, par contre, son acceptation de la loi découle de la seule raison, il est un « sage parmi les nations » (‘hakham). Selon la lecture du rav Kook (Igeret Reiya I, 100), le sage est supérieur au ‘hassid, et l’immortalité de l’âme lui est assurée (contrairement à la lecture de ce texte de Maïmonide par Spinoza). Le noachisme peut donc constituer une communauté confessionnelle pour ceux qui le désirent, mais reste une option détachée de tout contexte religieux pour les sages.

La charité donnée par un non-juif à la communauté juive est répartie chez les pauvres non-juifs, alors qu’elle est acceptée pour les Juifs lorsqu’elle est donnée par un noachide (Mishne Torah, Melakhim X, 10). Cette distinction de détail recèle un message important : il existe une fraternité économique entre Israël et les noachides, et donc une fraternité tout cours.

Les sept commandements ne sont qu’un minimum. Ils sont à dessein formulés de manière négative. Le contenu positif de la vie religieuse reste à adapter aux nécessités de chaque individu ou collectivité en fonction de son arrière-plan culturel et moral et du stade d’évolution de chaque société. C’est la position de Maïmonide, qui tout en prohibant l’ajout de coutumes religieuses ou l’étude de la Torah pour les gentils (goyim), l’autorise pour ceux qui ont déjà accepté la loi noachide (Ben Noa’h). Cette lecture de Maïmonide (Melakhim X, 9-10) qui est celle du Hatam Sofer (Hullin 33a. voir également le Biour halakha sur OH 304), suscite des controverses parmi les décisionnaires. C’est cependant celle que nous adoptons à Brit Olam avec le soutien de sages de renom, afin de permettre l’élaboration de la vie intérieure chez les noachides.


Le statut du noachide

La condition humaine du noachide reste encore à définir. L’expression la plus plausible que m’en a donné une candidate au noachisme est : « appartenir à la sainteté à partir de l’extérieur ». Ce statut, difficilement intelligible pour une conscience juive, qui se demanderait comment admettre l’authenticité d’un foyer sans vouloir y entrer, est pourtant existentiellement vécu par de nombreux noachides, pour qui l’appartenance à leur culture d’origine est fortement signifiante. On peut donc parler d’une vérité certes unique, mais appréhendée par une multiplicité d’identités.

Le statut du noachide par rapport à la communauté des enfants d’Israël diffère selon qu’on parle de la diaspora ou de l’État d’Israël. En Gola, le noachide n’est pas soumis à la souveraineté d’Israël. La Torah n’impose pas aux juifs d’imposer la loi noachide chez les nations. C’est donc au noachide seul que revient l’initiative de ses relations avec la communauté juive. En terre d’Israël, il faut distinguer le principe de la réalité. La loi israélienne n’est pas régie par la Halakha et n’est donc pas concernée par les questions de statut noachide. Mais dans le principe, le non-juif résidant en Eretz-Israël doit satisfaire à la définition du « ger tochav », littéralement : « étranger installé ». Il est impératif pour lui d’accepter la loi noachide et son origine révélée et mosaïque. Le « sage des nations » reconnaissant le seul impératif de la raison ne peut pas être « ger tochav ». Il semble que sur son propre sol, le peuple juif préfère, pour sa sécurité, s’assurer de la fidélité à la Torah de tous ses habitants. Le Talmud et Maïmonide disent clairement que le statut du ger tochav n’existe qu’au temps où le jubilée est en vigueur, ce qui n’est pas le cas de nos jours. De là découlent des divergences chez les décisionnaires quant à la validité de fait du ger tochav en Israël. Nous suivons l’opinion de Rachi (TB Arakhin 29a) et de Rabad (sur Mishne Torah Issouré Bia XIV 8, ainsi que Kessef Michneh) selon laquelle l’absence de jubilée ne fait que dispenser les juifs de prendre en charge le bien-être du ger tochav, mais n’exclut pas son statut, comme le prouve la récente décision du grand-rabbinat d’Israël d’accorder à un noachide israélien le statut de ger tochav.


La loi noachide

La nécessité d’un code de Halakha noachide se fait ressentir, et plusieurs tentatives ont été entreprises de nos jours. Nous nous y appliquons également, avec l’espoir de l’achever prochainement. Alors que la Halakha des juifs connaît surtout la distinction permis/interdit, la Halakha noachide connaît un vaste champ de « souhaitable », qui n’est pas sanctionné par la loi fondamentale, mais qui peut être institué en loi par le Beit-Din local de chaque groupe noachide.

Quelques exemples peuvent illustrer ce principe : la loi noachide qui prohibe certains rapports sexuels est extrêmement restreinte : elle n’inclut que la mère, la sœur par la mère, la femme mariée, l’épouse du père, l’homosexualité et l’animalité. La raison évidente de cette exiguïté de la loi, qui n’inclut pas la fille ou la prostituée, est la nécessité de tenir compte de l’état primitif de certaines sociétés, qui pour adhérer au statut de noachides se cantonnent dans le minimum moral incompressible. Mais le Talmud fait état de l’interdiction de la prostitution par le tribunal noachide de Sem, et la Bible considère comme abominable la relation de Lot et ses filles. Et même l’interdiction, gravement sanctionnée, de la femme destinée au lévirat (Juda et Tamar) va même plus loin que les exigences de la Torah pour les enfants d’Israël. Les Cananéens sont accusés d’avoir pratiqué toutes les abominations interdites par la Torah, y compris celles qui ne sont pas explicites dans la loi noachide.

La cérémonie du mariage, instituée par la Torah, n’est pas inclue dans la législation noachide, mais est adoptée par les noachides de Sichem.

De même pour l’homicide. Le meurtre interdit, qui comprend l’avortement, ne comprend pas la honte provoquée en public. Cependant le Talmud déduit du comportement de Tamar la noachide qu’il est préférable de se faire jeter dans la fournaise que d’humilier publiquement son prochain.

Le deuil est déduit du comportement de joseph après le décès de son père, l’hospitalité, de celui de Lot, la charité, d’Abraham, la prière, des patriarches, et l’adhésion à Dieu, du comportement des pères de l’humanité : Hanoch, Noé. On pourrait multiplier les exemples.

Une option d’élargissement du noachisme est ouverte par Maïmonide qui autorise la circoncision pour les non-juifs (Responsa 148), le prélèvement de la dime (Teroumot IV 15), les sacrifices (praticables même de nos jours, alors qu’ils sont interdits aux juifs en dehors du Temple de Jérusalem. Maassé ha-korbanot XIX, 16), et de manière générale tout commandement que désire accomplir un Ben Noach (contrairement à Tossefot Hagiga 13a).

Maïmonide stipule l’interdiction pour les nations d’innover une religion ou d’accomplir des commandements (lesquels ?) « de leur propre chef ». Cela implique qu’une collaboration avec les maîtres d’Israël est nécessaire pour déterminer la nature des pratiques noachides. Des commissions communes seront alors nécessaires.

Nous avons proposé l’établissement de la « fête des nations » (que nous avions d’abord maladroitement appelé « fête de l’humanité »), le 27 Mar’hechvane, jour où Noé sortit de l’Arche et reçut les sept commandements. Cette initiative a été accueillie favorablement par de nombreux noachides. Lors du dernier rassemblement noachide à Jérusalem nous avons reçu un message d’encouragement du premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahou.

Notre rituel de prières est déjà prêt en plusieurs langues. Bien que le contenu en soit facultatif, il permet à un noachide de suivre le déroulement des prières de ses amis juifs à la synagogue, à l’aide d’un texte adapté à sa sensibilité.

Mais le projet noachide dans toute son ampleur ne se cantonne pas à la sanctification de la vie individuelle. Il s’insère dans le projet de la sainteté collective, qui consiste en l’aboutissement des collectivités humaines au statut de « peuple de Dieu », déjà acquis par le peuple d’Israël : « de nombreuses nations s’associeront à Dieu en ce temps-là et seront pour Moi un peuple » (Zach. 2, 15). La dimension collective du noachisme est implicite dans le septième commandement, celui d’établir des tribunaux, qui est la prérogative de la société organisée.


Les valeurs du noachisme

L’état actuel du monde, au niveau international, cause de graves inquiétudes. Nous vivons l’affrontement de deux civilisations : l’occidentale et l’islamique. L’enjeu de la lutte est l’hégémonie universelle des valeurs que promeut chaque entité. Au risque d’être schématique à outrance, nous dirons que les deux systèmes de valeurs qui s’opposent sont l’anthropocentrisme des démocraties occidentales héritières de la tradition grecque, et le théocentrisme islamique, pour qui les idées d’autonomie de la créature, et même de droits de l’homme, sont quasi blasphématoires. Dans cette lutte acharnée, la réconciliation est possible autour de l’enseignement des valeurs d’Israël. La relation Dieu-homme n’y est pas conçue comme une rivalité mais comme un dialogue. Dieu règne sur des hommes libres et non pas sur des esclaves. Cette manière d’appréhender le divin, réalisant l’unité des valeurs d’amour et de crainte, est le message d’Israël pour les nations.

Le noachisme connaît aujourd’hui un intérêt certain, surtout chez les originaires du christianisme. La restauration nationale du peuple juif n’est certes pas étrangère à ce phénomène, mais il est lié aussi à la crise religieuse profonde de notre temps. Celle-ci n’est pas toujours accompagnée d’une perte de la recherche spirituelle, elle n’est souvent que l’abandon des dogmes officiels. On constate souvent dans la gentilité une relative facilité à se détacher du dogme chrétien mais une grande réticence à échapper à la fascination de la personne de Jésus. De là découle une tendance à un proto-noachisme christianisant, qui essaye de récupérer ce qui reste de la sensibilité religieuse chrétienne en l’intégrant dans de nouveaux mythes de type Juda-judaïsme et Ephraïm-chrétienté. Ce phénomène est déjà annoncé par le Talmud (AZ 3b complété par le midrach) :

Les gentils mettront les phylactères sur leurs têtes et à leurs bras, des franges à leurs vêtements et la mezouza a leurs portes [pour dire : nous sommes aussi Israël]. Lors de la guerre de Gog et Magog, ils abandonneront ces pratiques.

Le rav Yéhouda-Léon Ashkenazi (Manitou) a mis en évidence que la théologie chrétienne découle d’une fascination des nations par la lumière émanant de l’âme collective d’Israël. Les données de l’exil ne permettaient pas d’accéder directement au message d’Israël. Il fallait donc filtrer la lumière à travers un mythe substituant un individu d’Israël à la collectivité. De nos jours le Retour permet à nouveau la relation directe, et le masque mythique est devenu superflu : « Sur ce mont disparaîtra le voile du visage des peuples, le masque qui cache toutes les nations » (Is. 25, 7).

On constate un intérêt accru pour le judaïsme chez de nombreux non-juifs en quête de spiritualité ou simplement proches de milieux juifs. Dans de nombreuses communautés de Gola on trouve une fréquentation des activités communautaires de la part de non-juifs. La conversion n’est souvent pas envisageable. Il est donc nécessaire de former les élites rabbiniques dans les communautés juives à répondre aux besoins spirituels de ces groupes ou individus. Il est souhaitable de proposer une trajectoire noachide comme alternative à la conversion, accompagnée de cours et de prières appropriés à leurs besoins spécifiques. L’attitude qui consisterait à dire que les non-juifs ne nous intéressent pas risque d’être destructive, car elle encouragerait paradoxalement l’assimilation. En effet un non-juif fréquentant des juifs, qui ne serait pas pris en charge par le corps rabbinique, ne sera même pas informé de la condamnation du mariage mixte. Les noachides de par le monde approuvent parfaitement cette barrière et sont un rempart contre l’assimilation.

Le noachisme peut être vécu à la seule échelle individuelle. Cependant il est souvent pénible de vivre seul ses valeurs. Le modèle communautaire, réussi dans le peuple juif, peut être proposé aux noachides, et il est de fait utilisé dans de nombreux pays. L’internet permet aussi le développement de communautés virtuelles florissantes. Le noachisme ne constitue pas une nouvelle église, mais le besoin d’appartenir à un groupe humain encourage la création de cadres sociaux qui permettent de vivre le noachisme ensemble.

Le noachisme mérite d’être promu par l’État d’Israël, qui est la représentation politique de la Nation hébraïque. Le premier ministre Netanyahou, ainsi que plusieurs ministres et responsables politiques en Israël, manifestent un intérêt certain pour le noachisme, pour des raisons où se mêlent l’universel de l’identité juive et la recherche d’un soutien moral à l’État d’Israël. Il est même question d’accorder un statut spécial aux noachides israéliens, équivalent à celui des communautés confessionnelles reconnues par la loi israélienne.

Il en est de même pour les autorités spirituelles. Le grand-rabbinat d’Israël, a donné sa caution à l’entreprise de diffusion du noachisme, mais n’a pas pris de décisions pratiques dans ce sens. Cependant, pour la première fois depuis 2 600 ans, comme nous l’avons dit plus haut, le grand-rabbinat d’Israël a accordé le statut de « Ger tochav » à un noachide israélien afin de lui vendre les terres agricoles en prévision de l’année sabbatique. De plus, de nombreuses personnalités rabbiniques et penseurs se penchent favorablement sur le noachisme. Nous souhaitons l’établissement d’un centre officiel mondialement reconnu pour gérer les études noachides et fixer les grandes lignes de la pratique noachide. Notre organisation, Brit Olam (Jérusalem), entretient des relations suivies avec des noachides du monde entier, pour répondre à leurs interrogations et pour encourager la formation de communautés. Notre site diffuse en sept langues différentes.

Nous vivons un moment unique de l’histoire. L’hébraïsme sort de sa solitude pour accomplir sa mission universelle. Il est remarquable que l’initiative en revient aux nations, qui, constatant la réapparition d’Israël sur la scène du monde, demandent à entendre la Parole de Dieu. Le chemin est certes encore long à parcourir pour un achèvement réussi du projet d’Abraham, mais le processus est déjà enclenché.