Rav Oury Cherki

Houkat - La logique de la vache rousse

Sivan 5784



L’impureté est la conséquence de la rencontre de l’homme vivant avec la mort. La pierre ne peut devenir impure, car elle n’a jamais connu la vie. La mort est l’opposé de la vie, et le choc causé par la rencontre avec elle ébranle la vie. Un fils d'Israël est plus impur qu'un non juif. De même, une femme qui accouche un garçon est impure sept jours, car elle possédait en elle un corps vivant. Lorsqu’elle donne naissance à une fille, elle est impure deux semaines, car la fille a elle-même le potentiel d’être porteuse de vie. Son impureté est donc double.

La purification de l’impureté de mort est obtenue à l’aide de la vache rousse par "résurrection".

La thora dit : Avertis les enfants d’Israël de te choisir une vache : Une vache - femelle - symbole de fertilité, et non un taureau. La vache donne la vie.

Rousse : la couleur de la vie.

Intacte : une vitalité parfaite.

Qui n’ait pas encore porté le joug : qui n’a pas été diminuée dans sa vitalité.

Vous la remettrez au prêtre Eléazar… on l’immolera : l’abattage est l’annulation de la vie.

Elle est brûlée entièrement : sa peau, sa chair et son sang, on les brûlera avec sa fiente. Absolument tout.

Hors du camp : hors du lieu de vie, où elle est réduite en cendres. Les cendres, à la différence de la poussière, ne s'agglutinent pas et ne sont pas fertiles. C'est la division absolue.

La mort domine aussi le végétal. Le plus grand arbre est le cèdre. Le plus petit est l’hysope. Il prendra du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, qu’il jettera dans le feu où se consume la vache (id. 6). Ce sont les extrémités du monde végétal. La vache et le vermillon sont les extrémités du règne animal. Le ver est ce qui reste de l’homme.

Le maximum de vie est réduit au summum de la mort.

L’être humain est constitué d’un corps et d’une âme. Le corps est comme un vase de terre cuite, opaque. L’âme est comme un flot d’eau vive. L’homme est un récipient contenant de l’eau vive.

Nous prenons les cendres, la trace de la mort, et les ressuscitons à l’aide de l’eau vive - comme l’âme, dans un récipient - comme le corps. C’est pourquoi cette eau est utilisée pour purifier de l’impureté de mort.

Le mystère de la vache rousse est élucidé.

Si c’est si simple, pourquoi Salomon dit-il : "Je voulais accéder à la sagesse, mais elle s’est tenue loin de moi" (Ecc. 7, 23), faisant allusion au mystère de la vache rousse ? C’est que la clé du mystère est encore lointaine. Le passage de la vie à la mort et de la mort à la vie reste un mystère, de même que le mystère de la vie dans la matière, comme le dit le Rema (notes sur le Choulhan Aroukh) : "prodigieux dans l’acte (créateur) - qui lie le spirituel au matériel".