Rav Oury Cherki

Pessah - Un Pessa’h parfait (Haftara du Chabbat du Mois)

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.



La Haftara qui sera lue ce Chabbat est celle du « Chabbat du Mois » (Chabbat Ha’hodesh), extraite du livre d’Ezéchiel. Ce texte présente un rituel de sacrifices unique. La différence entre les paroles du prophète et les lois de la Thora relatives aux sacrifices a déjà été soulevée à l’époque des sages de la Michna par ‘Hanania ben ‘Hizkiya ben Garon (TB Chabbat 13b). Cependant du fait que la raison de cette différence ne nous a pas été fournie, nos sages se sont divisés quant à cette explication. Le prophète décrit-il un acte singulier qui sera réalisé lors de la première année du Troisième Temple (Maïmonide) ? Est-ce que cela sera la norme après la résurrection des morts, lorsque les commandements seront annulés ? Ou encore un renouvellement de la loi par un prophète (R. Yehouda Ibn Balam)?

Un monde nouveau

Quelle que soit la période à laquelle cela se déroulera, il est évident que nous sommes en présence d’un monde différent de celui qui nous est connu. Alors que la Thora a prescrit de sacrifier un agneau ou une chèvre pour chaque famille ou groupe de convives, Ezéchiel ordonne au dirigeant de ne sacrifier qu’un animal pour toute la congrégation d’Israël. Un taureau et non un agneau. En sacrifice expiatoire et non rémunératoire. Il n’y a déjà plus de raison de rappeler la sortie d’Egypte après qu’une délivrance de plus grande ampleur se soit déroulée. C’est l’avis des sages opposés a Ben Zoma dans le Talmud (TB Brakhot 12b), que la sortie d’Egypte n’est plus rappelée lors des temps messianiques. C’est la raison pour laquelle ce n’est plus un agneau qui est apporté en sacrifice, l’agneau symbolisant le dieu égyptien. Le taureau expiatoire, rappelant le taureau de Yom Kippour, vient expier les fautes du peuple commises lors de son exil.

Fête de la dernière délivrance

La fête des azymes célébrant la libération éternelle de la dernière délivrance dure sept jours, durant lesquels sont sacrifiés chaque jour sept taureaux et sept béliers, et non deux taureaux et un bélier comme indiqué dans la Thora, car le monde s’est élevé à un niveau où la lumière du soleil est sept fois plus puissante que la lumière des sept jours de la Création (Isaïe 30, 26). Aucun agneau n’y est sacrifié, l’agneau représentant l’évolution, ni de bouc expiatoire, la réparation étant déjà accomplie. Les quantités d’huile et d’oblation sont entieres : un eipha entier de semoule, sans dixièmes, un hin entier d’huile et non un demi ou un tiers.

La seule autre fête qui a de tels sacrifices est la fête de Souccot célébrant la victoire sur Gog et Magog, tel que décrit par le prophète Zacharie (ch. 14).

Un monde de Thora et lumière

Ces deux fêtes qui durent une semaine chacune sont célébrées, alors que disparaissent les fêtes de 24 heures – Chavouot et Chemini Atseret, célébrant le don de la Thora, car le monde a atteint le niveau de « dans ce monde Je vous ai donné la Thora, à l’avenir Je vous donnerai la vie » (midrach Kohelet Raba). Roch Hachana et Yom Kippour sont aussi annulés, la faute n’existant plus et l’Eternel régnant toujours.

Mais le plus exceptionnel dans tout cela est le sacrifice quotidien (appelé sacrifice perpétuel) : au lieu d’un agneau le matin et un agneau le soir, il n’y a plus qu’un seul agneau, sacrifié chaque matin. S’il n’est sacrifié que le matin, c’est que l’obscurité a disparu du monde, et même le soir règne la lumière (Zacharie 14, 7).