Rav Oury Cherki
Le 9 Av - Unité d’Israël
Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.
La destruction du Temple ne peut provenir des fautes d’Israël, car la destruction du Temple et l’exil sont des « événements d’importance »…
Le Maharal de Prague (Netsa’h Israël ch. 2) explique que la raison de la destruction du Temple ne peut être les fautes du peuple d’Israël, car la destruction du Temple et l’exil sont des « événements d’importance », et les événements importants ne peuvent être l’objet du hasard. Or la faute est contingente, du fait que la nature de l’homme en général, et d’Israël en particulier, est bonne, et aucune faute ne peut changer cela.
La raison doit donc être cherchée dans le projet général de l’Histoire, dont le commencement se situe déjà lors de "l'alliance des parties" avec Abraham.
Cela ne signifie pas que les fautes ne jouent aucun rôle. L’accumulation de fautes est une cause secondaire à l’exil. Mais une telle accumulation ne peut être une cause suffisante pour expliquer la destruction du Temple et du royaume, car chaque pêcheur aurait pu être jugé pour ses actions sans que soit brisée la structure étatique.
L’exil ne survient qu’après que tous les organismes de la société aient moisi à un tel point que l’existence de l’Etat ne fait que nourrir la décomposition.
Les organismes de la société hébraïque sont au nombre de quatre : le roi (l’organe dirigeant), le juge (la direction thoranique), le prêtre (la direction cultuelle) et le prophète (la direction morale). Les initiales forment l’acronyme Michkan, sanctuaire. Le prophète Jérémie déclare (2, 8) : « Les prêtres ne se sont pas demandé « où est Dieu? », les dépositaires de la Loi [les juges] ne m’ont plus connu, les pasteurs [les dirigeants] me sont devenus infidèles, et les prophètes ont prophétisé au nom de Baal et suivi des êtres incapables de secourir« . Si un seul de ces établissements était resté propre, l’espoir aurait été permis. Mais le seul prophète restant, Jérémie, est persécuté par le roi.
L’interrogation du prophète (id, 11) : « Est-ce qu’un peuple a changé de dieu? Et encore ces dieux n’en sont pas! Tandis que mon peuple a troqué sa gloire contre des objets sans valeur! » exige une réponse. Cette réponse est à chercher dans la comparaison établie par le prophète : « Car passez aux îles des Kittéens et regardez! Envoyez à Kêdar et observez attentivement! » (id. 10). Le Talmud explique que les Kittéens résidants des îles adoraient le feu, alors que les Kêdar résidants du désert adoraient l’eau.
La raison à cela est que chaque peuple se choisit pour idéal ce qui lui manque. C’est également le cas des peuples de l’Europe chrétienne, héritiers de la tendance collective à l’effusion de sang de Rome, qui ont adopté une religion prônant l’amour. Ou encore des peuples orientaux qui ont tendance au vol et à la débauche qui ont adopté la religion de rigueur. Enfin, Israël n’échappe pas à la règle. Ayant un penchant pour la discorde, il adore l’unité (Manitou s’appuyant sur le Maharal de Prague). Lorsque l’unité est abandonnée, que les dirigeants du peuple n’appellent pas à l’unité de Dieu, la dispersion gagne Israël, s’exprimant par l’idolâtrie.
L’exil entraîne un service religieux quasi-idolâtre: « Là, vous serez soumis à ces dieux… dieux de bois et de pierre » (Deut. 4, 28), représentant la soumission au christianisme serviteur de la croix de bois et à l’islam, regroupé autour de la pierre de la Kaaba. C’est ce que dit le prophète Jérémie (2, 27): « Ils disent au bois: 'Tu es mon père!', à la pierre: 'C’est toi qui m’as donné la vie!'». La suite du verset « ils M’ont présenté la nuque et non la face » fait allusion à une époque où la prophétie est absente, entraînant l’apparition de la philosophie. Puis, après la Shoa: « puis, à l’heure de leur détresse, ils s’écrient: « Lève-toi et viens à notre secours! ».