Rav Oury Cherki

Behaalot’ha (Haftara) - La Ménora: un témoignage pour l’humanité

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.



La Ménora témoigne à toute l’humanité de la résidence de la Providence en Israël…

La Haftara ouvre par le retour de la Présence de Dieu à Sion et ses conséquences sur l’humanité: « Exulte et réjouis-toi, fille de Sion! Car voici, J’arrive pour résider au milieu de toi, dit l’Eternel. Nombre de nations se rallieront à l’Eternel, ce jour-là, et elles deviendront Mon peuple; Je résiderai au milieu de toi, et tu reconnaîtras que c’est l’Eternel-Cebaot qui M’a envoyé vers toi » (Zac. 2, 14-15). Plus loin, la conclusion du passage décrit la Présence sous la forme d’une Ménora (candélabre à 7 branches) en or rappelant celle du Temple. La proximité de ces sujets démontre ce qu’ont dit nos sages (TB Ména’hot 86b) que la Ménora témoigne à toute l’humanité de la résidence de la Providence en Israël.

La Ménora est certes située hors du Saint-des-Saints, ce qui porte à croire que sa sainteté est moindre à celle de l’Arche de l’Alliance où est déposée la Thora. Cette compréhension correspond à l’idée que le peuple d’Israël, ainsi que la Providence résidant en lui, serait secondaire à la Thora. Mais le rav Kook explique que tout cela n’est vrai qu’en surface, alors que le contraire prévaut en profondeur. Etant donné que le peuple d’Israël a précédé la Thora, et que celle-ci a été donnée pour Israël, c’est bien la sainteté de la Ménora qui est supérieure à celle de l’Arche: « La Ménora comporte la sainteté de l’âme Israël en tant que telle, qui paraît a priori extérieure à la Thora, située elle-même dans le Saint-des-Saints. En effet, elle éclaire tout, elle est le secret du témoignage d’Israël, mais elle peut éclairer également vers l’extérieur » (Chmona Kvatsim, 8, 157).

Il en ressort que la sainteté de la nation possède nécessairement un rayonnement universel. A première vue l’on pourrait penser qu’il y a une préférence de la sainteté individuelle de la nation à celle de son rayonnement universel, et que l’influence sur les nations du monde n’est qu’un excédent de la sainteté d’Israël. Ce n’est pas le cas. La séparation du peuple est destinée à mieux servir l’objectif « par toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gen. 12, 3). Du fait qu' »un prisonnier ne peut se libérer de sa propre cellule » (TB Brakhot 5b), il est indispensable que celui qui libère son prochain lui soit extérieur. C’est là la raison de la séparation du peuple d’Israël des nations.

Dans la Haftara, le peuple d’Israël apparaît comme modèle à imiter pour les autres peuples. Nous sommes le premier peuple de l’Histoire à être parvenu au niveau de « peuple de Dieu ». Les autres peuples doivent apprendre de nous comme les frères apprennent de l’ainé. « Nombre de nations se rallieront à l’Eternel, ce jour-là, et elles deviendront Mon peuple ». Au cours de l’Histoire, seul le peuple d’Israël a atteint la sainteté collective, s’exprimant par le national et la politique. Chez les autres peuples, nous ne trouvons que la sainteté individuelle, morale et religieuse. Mais à l’avenir eux aussi jouiront de sainteté collective. C’est la raison pour laquelle le peuple juif ne reçoit plus de conversions au temps messianique (TB Yébamot 24b), car il n’est plus nécessaire de se détacher de sa nation pour goûter à la sainteté collective.

C’est précisément la réussite de la mission universelle qui élève le peuple d’Israël à des niveaux supérieurs, en tant que prêtres des nations: « Je résiderai au milieu de toi… L’Eternel rentrera en possession de Juda, Son domaine sur la terre Sainte, et fera de nouveau choix de Jérusalem » (Zac. 15, 16).