Rav Oury Cherki

Le Hallel



Notre coutume ancestrale est de dire la bénédiction du Hallel à chaque fois qu’on le récite. Aussi bien pour les fêtes que pour Roch Hodech. C’était pour nos maîtres d’une évidence telle, que le Ribach (responsa 111) se base sur cette règle pour en expliquer une autre: "[on récite la bénédiction sur les lumières de Hannouka à la synagogue] comme nous le faisons pour le Hallel de Roch Hodech, bien que ce n’est qu’une coutume, et ce n’est pas du tout une bénédiction en vain". Cette règle est symptomatique de l’attitude de nos maîtres envers les coutumes qui ont pour origine le comportement inné des juifs, qui a force de loi même lorsque ce n’est pas l’autorité rabbinique qui les ont institué: "minhagué Yisraël Thora".

Il est d’ailleurs significatif que l’origine du Hallel en général, est elle-même un mouvement spontané des enfants d’Israël, qui d’eux-mêmes ont entonné un cantique à la gloire de Dieu après le passage de la mer Rouge, et ont fixé le jour même la règle selon laquelle on récitera le Hallel à chaque fois qu’Israël sera délivré. Comme le dit le midrache (Chemot Rabba 23,1): "ordonnons à nos enfants de réciter des louanges lorsque Dieu leur fera des prodiges".

A ce propos il est intéressant de citer l’opinion de notre maître le Rachbats (Tachbets II, 204) selon laquelle la bénédiction de chéhé’hiyanou peut être récitée à Pourim et à Hannouka même sans meguila ou sans lumières, à cause de la sainteté du jour. On découvre là une approche qui considère l’action de la Providence a travers l’histoire, qui "sanctifie les époques", indépendamment du rituel associé aux évènements.